Quant à Fred, il reconnaît que sa frustration était associée au confort apporté par l’évitement d’une performance qu’il n’était pas sûr de remplir, étant donné sa prédisposition à l’éjaculation précoce. Ses tentatives ne l’ont pas mortifié et il n’a jamais mis dans la balance érotique une impétuosité susceptible de faire courir le risque d’une rupture. Le couple nichait dans une bulle d’autant plus étanche que Shirley s’était vue coupée de ses amies et se culpabilisait de ne plus offrir du plaisir charnel à l’homme qu’elle aimait tant. Elle admet que c’est de sa faute et que son blocage est plus intérieur que conjoncturel. Elle se rappelle qu’aux yeux de sa mère il était honteux de se montrer en compagnie d’un garçon. Elle regrette de ne pas s’être manifestée de façon plus conquérante, plus créative. Elle souligne à sa décharge que Fred la trouvant trop belle était déstabilisé, incertain d’avoir été élu et s’autoflagellait, obstiné qu’il était à lui faire atteindre et découvrir l’orgasme ; ce qui n’a jamais été le cas. Fred de son côté s’était figé devant un mur où l’incompréhension s’était progressivement muée, après une phase de désarroi et de déliquescence, à une compréhension empathique d’autant plus sincère qu’il n’avait jamais eu l’idée de forcer la barrière.
Il est ainsi devenu son « compagnon d’infortune », à la fois habité par ses doutes et sa peur de mal faire héritée d’une enfance très anxieuse de « bon petit gars » et conforté par l’impression de ne pas avoir été délaissé par Shirley. Puisque prime le désir de rester ensemble, loin de tout conflit. Fred s’interroge : n’a-t-il pas par son attitude empruntée emprisonné son désir à elle qui attendait un partenaire bavard, adroit, imaginatif, le contraire de lui, n’ayant pu lui offrir au final qu’une façade de vie sexuelle normale.
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