Jusque chez le patient ayant une démence modérément sévère ( Mini mental status (MMS) > 10), en s’adaptant aux canaux résiduels, il est possible d’utiliser la transe hypnotique et de leur apprendre l’autohypnose dans des contextes de douleurs chroniques, mais aussi en analgésie sur des douleurs induites et aiguës, ainsi que sur l’anxiété. Lorsqu’elle est proposée avec des explications, c’est une thérapeutique très facilement acceptée par notre population âgée.
Chez ces patients, les séances seront très répétitives, utilisant précisément leurs mots, et saupoudrées de beaucoup de sécurité. Les séances ne doivent également pas être trop longues afin de ne pas épuiser le patient. La valorisation d’un nouvel apprentissage encore possible chez ces patients est très importante, et avec un support audio (cassettes) cela est faisable. 42 patients âgés douloureux chroniques ont bénéficié de séances d’hypnoanalgésie. La moyenne d'âge de notre population est de 83,7 an s, la plus âgée a 95 ans et a appris l'autohypnose en 5 séances. Le MMS moyen est de 22/30 +/- 6.8 avec des extrêmes allant de 30 à 7. 95% des patients qui ont commencé les séances font leur cycle de 5 séances (une toutes les 3 semaines), et ce malgré les difficultés à se déplacer.
Pour les patients ayant des troubles cognitifs sévères (MMS< 10), la focalisation n’est pas possible, mais les patients sont déjà dissociés. L’hypnose devient alors une communication hypnotique adaptée aux troubles cognitifs. On utilisera tous les sens pour orienter l’attention (musique, odeurs…), il faudra accepter la mobilité, et sans jugement adhérer au délire du patient en l’apaisant par du saupoudrage et des suggestions directes.
Dans la pratique, il s'avère donc que non seulement le grand âge et les troubles cognitifs ne sont pas une contre-indication, mais que l’hypnose dans cette population a toute sa place.