Avancées et limites. Antoine BIOY



Nous commençons cette rubrique par deux jolies publications françaises. Citons d’abord celle de Patrick Catoire et al. qui étudient le transfert d’embryons avec une préparation incluant l’hypnose par rapport à une préparation standard (médicament et relaxation). Ils montrent l’absence de différence tant sur le niveau d’anxiété, que sur le ratio de naissance. Mauvaise nouvelle ? Au contraire puisque l’étude plaide pour un usage de l’hypnose, qui possède moins d’effets indésirables que la voie habituelle, pour un résultat identique. La seconde étude est pilotée par notre amie Pascale Picard, responsable du Centre de la Douleur de Clermont Ferrand, qui vérifie les bénéfices de l’autohypnose chez un groupe de 30 patientes fibromyalgiques à 6 mois. L’un des intérêts majeurs est de montrer que les stratégies d’adaptation évoluent, et notamment le niveau de catastrophisme, dont on connaît l’importance dans la prise en charge des patients douloureux chroniques. Egalement, le sommeil est amélioré alors que là aussi, l’importance de cette dimension dans le devenir de la douleur chronique est scientifiquement prouvée. On comprend donc aisément que le vécu de ces patientes indique qu’elles perçoivent nettement un changement positif dans leur situation (mesures réalisées à l’aide d’échelles psychométriques).

A noter que cette étude a fait le choix, pour son groupe témoin, de le constituer à partir de patientes sur la liste d’attente du centre. Ce choix, de plus en plus répandu, convient bien aux recherches en hypnose, pour lesquelles la constitution d’un groupe placebo est très complexe à mener. Ici, on compare un groupe avec soins d’un groupe qui va bénéficier de soins, par la même équipe. Ainsi se trouvent à peu près contrôlées des dimensions telles que l’impact de l’attente, l’évolution naturelle de la maladie, etc.

S’il existe encore assez peu d’études qualitatives autour de l’hypnose, cette méthode devrait cependant être la troisième voie à développer à l’avenir, ce qui permettra de donner toute sa plénitude aux recherches en hypnose, puisque cela autorisera une adéquation au patient cliniquement non contrainte par le besoin de standardiser la méthodologie, tout en respectant la démarche scientifique. Ce besoin encore actuel de standardiser les protocoles devient une limite de plus en plus contraignante pour tous. Ainsi, l’équipe d’Irving Kirsch (2013) relève que les protocoles d’induction « en hypnose » de la recherche en neuro-imagerie mesurent en fait le seul niveau de suggestibilité et ne permettent pas d’avancer sur certains débats, comme le fait de savoir si l’état hypnotique renvoie à un état de conscience unique, ou plutôt à une famille d’états de conscience.

Cela peut paraître accessoire, et pourtant, en recherche si l’objet d’étude n’est pas clairement identifiable, alors c’est soit que l’approche est inappropriée et donc on ne peut plus rien en dire, soit l’aveu que cet objet d’étude n’est qu’une construction sans réalité… Nous faisons ici le lien avec un excellent ouvrage dont nous conseillons la lecture à tous, Le cerveau n’est pas ce que vous pensez, par trois spécialistes des neurosciences et de la psychologie cognitive. Premier ouvrage érudit, critique, pédagogique et juste sur ce que peut apporter ou non les neurosciences actuelles, et qui lutte contre la tendance actuelle à vouloir faire dire à l’imagerie plus qu’elle ne peut en montrer en réalité.

ANTOINE BIOY Professeur des universités et directeur de recherches en Psychopathologie et Psychologie Médicale (Université de Bourgogne). Docteur en psychologie clinique. Attaché au CHU Bicêtre. Responsable scientifique de l’Institut Français d’Hypnose. Egalement responsable du DU d’Hypnothérapie (Dijon), co-responsable du DU « Hypnose en anesthésie » (Paris Sud) et du DU d’hypnose clinique et médicale (St Denis de la Réunion).


LANCER LES NÉCESSAIRES DÉBATS - Dr Thierry Servillat
Ça y est, les temps ont changé : l’hypnose – au moins la chirurgicale – entre dans tous les hôpitaux ou presque, et de nombreuses cliniques s’y mettent. Et en « ville », comme on dit, de plus en plus de thérapeutes brefs utilisent l’hypnose, consciemment ou non. Une sorte de consensus s’installe, renforcé par l’avis plutôt favorable récemment émis par l’Académie de Médecine.

TERRA HYPNOSIA - Dr Dominique MEGGLÉ Conférence donnée au VIII° Forum de la CFHTB à Strasbourg le 18 mai 2013
LES VIEILLES CARTES SONT PRÉCIEUSES
Dans un style de plus en plus affirmé, Dominique Megglé proclame ses convictions sur ce qui lui paraît essentiel de l’hypnose thérapeutique. En reparcourant le travail d’Erickson qu’il vit lui-même dans son propre voyage vital. Avec lui, HYPNOSE & Thérapies brèves est heureuse de lancer le débat !

LA BELLE ET LA BÊTE - Marilia BAKER
S’IMPLIQUER À DEUX. Conte d’origine française, La Belle et la Bête est très connu outre Atlantique. Marilia Baker, thérapeute brésilienne vivant en Arizona, nous montre comment il peut être richement utilisé en thérapie de couple.

ÊTRE THÉRAPEUTE - Jean-Philippe VERON.
UN FILM D’ERREURS EN 3D Ostéopathe devenu psychologue, Jean-Philippe Veron aborde sous trois angles comment l’erreur fait partie intégrante de la vie de thérapeute. Sur le mode de l’humour, une question éthique centrale est posée. Un texte publié avec l’accord de l’association Paradoxes.

LES COULEURS DU PLAISIR - Joëlle MIGNOT
PORTES VERS LE SUBLIME Fine connaisseuse de l’utilisation de l’hypnose en sexologie, Joëlle Mignot développe les connexions intimes entre couleurs et accès à l’un des grands plaisirs de la vie. Pour une hypnose subtile qui nous redit que le sexe est une relation créative.

HYPNOSE ET NEUROSCIENCES - Dr Luc FARCY et Dr Adrien LORETTE
UN DIALOGUE FRUCTUEUX ET SÉCURISANT Fini le temps où le clinicien ne pouvait appréhender les neurosciences que sous l’angle d’une fascination bien souvent stérile et d’ailleurs généralement temporaire ou intermittente. Une nouvelle manière de voir est présentée ici, où le clinicien peut trouver dans les résultats des chercheurs des résonances de sa pratique quotidienne qui vont le rassurer et stimuler sa créativité.

Petites poucettes - Dr Thierry SERVILLAT
Printemps 2013, France, un jeune philosophe de 83 ans est en tête des ventes avec un essai1 écrit pour « ce nouvel écolier, cette jeune étudiante » d’aujourd’hui, qui – c’est « une des plus fortes ruptures de l’histoire depuis le néolithique »- habitent la ville tout en s’efforçant de ne pas polluer, vivent dans un « monde plein » de presque 7 milliards d’individus, et qui peuvent en moyenne espérer atteindre l’âge de 80 ans. A peu près l’âge de l’auteur justement.

« Encore heureux ! » Dr Stefano COLOMBO
Frédéric ne possède ni voiture, ni moto. Encore heureux d’avoir un vélo, se console t-il en l’enfourchant pour se diriger vers la forêt toute proche. Il a une profonde envie de se remplir les poumons des parfums des arbres et du sous-bois.

Avancées et limites - Antoine BIOY
Nous commençons cette rubrique par deux jolies publications françaises. Citons d’abord celle de Patrick Catoire et al. qui étudient le transfert d’embryons avec une préparation incluant l’hypnose par rapport à une préparation standard (médicament et relaxation). Ils montrent l’absence de différence tant sur le niveau d’anxiété, que sur le ratio de naissance.

Hypnose musicale DE BACH À DEBUSSY - Dr Stephane OTTIN PECCHIO
En présentant aux congrès de Brème et de Strasbourg les processus hypnotiques que l’on trouve dans les oeuvres de Bach et Debussy, j’ai associé deux compositeurs qui, à première vue, s’opposent.
La musique de J-S. Bach, comme toute la musique baroque, exerce un effet apaisant.

Le Certificat d'Hypnose Clinique - Dr Patrick BELLET
UN ENJEU PROFESSIONNEL POUR LA CFHTB !
Nous sommes à un moment clé de notre développement. Le 8ème Forum à Strasbourg a marqué une évolution européenne de notre travail, 2015 à Paris verra son exposition internationale.
En 1996, la CFHTB s’est créée à partir d’une prise en considération de notre identité et de sa spécificité. Simple, simplissime même !
Les différents « acteurs » francophones étaient dispersés, sans contacts les uns avec les autres, aucune structure ne les réunissait et pourtant les potentialités existaient. Isolées.

Rédigé le 23/09/2013 modifié le 30/09/2013
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Dr Thierry SERVILLAT, Psychiatre, Ancien Président de la Confédération Francophone d'Hypnose et… En savoir plus sur cet auteur


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