Le cerveau créateur. Forum Hypnose 2013

Pierre Lemarquis
Jeudi 18 Mai 14h
Forum Hypnose Strasbourg 2013



La création spontanée n’existe pas plus que la génération spontanée, chère à Aristote. Cette dernière ne fut pourtant réfutée qu’au XIX° siècle par les ballons à col de cygne de Pasteur. Toute création est une re-création à partir d’informations, d’empreintes, de traces que notre cerveau traite à sa manière en fonction de ses expériences antérieures. Son fonctionnement est l’aboutissement de mécanismes complexes mettant en jeu des circuits façonnés par l’évolution et la génétique, l’histoire du sujet et l’épigénétique. Chaque expérience laisse une empreinte neuronale souvent inconsciente qui le sculptera, enrichissant ses possibilités adaptatives et sa palette émotionnelle. Elle l’influencera au quotidien et s’exprimera dans ses créations qui lui ressembleront. Il s’y verra comme dans un miroir, révélant l’invisible de sa vie intérieure sur laquelle il pourra alors tenter d’agir. Les couleurs délavées utilisés par Mark Rothko dans ses toiles abstraites sont celles des maisons de son enfance en Lettonie.

Certains pigments utilisés par Michel-Ange rappellent ceux des écailles des poissons des marchés de Toscane. Le Créateur n’échappe pas à la règle et créé l’homme à son image (ou l’inverse). Notre cerveau fonctionne de manière analogique, tentant de prévoir le futur et les conséquences d’une nouvelle expérience en fonction des acquis du passé qu’il convoque au présent, le plus souvent de manière implicite, se débarrassant du carcan du langage. Les enfants, les malades mentaux et les génies créateurs sont capables d’analogies surprenantes qui peuvent nous éclairer. Les rêves et l’hypnose permettent à tout un chacun d’ouvrir les portes de cette pensée analogique, systémique, magique et thérapeutique qui a précédé le mode de pensée naturaliste qui s’est imposé en occident à le fin du XVIII° siècle, c’est-à-dire hier, et c’est ainsi que la beauté nous sauve.

En témoigne l’école de Palo Alto, la médecine des Navajos qui inspira Jackson Pollock, la fabrication des mandalas tibétains que n’aurait pas renié Georges Pérec, l’auteur de «la vie,mode d’emploi», et qui inspirèrent Jung. Les Shipibo d’Amazonie péruvienne, la calligraphie orientale nous mènent sur la voie de l’empathie esthétique chère aux philosophes et qui trouve désormais un substrat neuronal avec le
système des neurones miroirs. Les aller-retour à l’intérieur d’une œuvre d’art nous transforment peu à peu et nous conduisent sur les chemins de la guérison.

Pierre LE MARQUIS

Membre de la Société Française de Neurologie, de la Société de Neurophysiologie clinique de langue française et de l’Académie des sciences de New York, attaché d’enseignement d’éthologie à l’Université de Toulon-La Garde, il est notamment l’auteur de «Sérénade pour un cerveau musicien», qui a été un grand succès.

Son nouvel ouvrage s'intitule "Portrait du cerveau en artiste "


Rédigé le 03/04/2013 modifié le 03/04/2013
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Confédération Francophone d'Hypnose et Thérapies Brèves. Sylvie COLOMBANI CLAUDEL est… En savoir plus sur cet auteur


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