Cet Obscur Objet du Désir

Ou comment le désir transforme en gourmandise le sexualité
Ce voyage à travers un cas clinique nous éclaire sur le cheminement d’un couple vers une évolution sensuelle.



Elle était très énigmatique avec cette lente manière de se déplacer. Féline presque. Regard enjôleur. Pour quelles raisons venait-elle à ma consultation ?

Mal-être depuis longtemps. Dès son adolescence ? Lentement elle cherchait ses mots. Oui, peut-être. Sa famille ? Très peu de choses à en dire, si ce n’est… qu’il n’y avait absolument aucun problème entre eux, pas même avec ses oncles, tantes, grands-parents, cousins, frères et sœurs. Lisse, trop lisse de non-dits qui fermaient l’échange, le mouvement, la relation.

Ou était-elle, enserrée dans les idées de diverses natures de cette famille, de ses ancêtres ? Elle disait à maintes reprises qu’il était nécessaire de « lâcher prise ». Mais pour quelles raisons devait-elle lâcher ses prises ? Et quelles prises garder indispensables pour être debout ?

Son mari ? Ah oui, son mari ! Long silence. Ils tenaient profondément l’un à l’autre depuis quatorze ans qu’ils étaient mariés ! Un lien fort, présent, doux. Doux, et en même temps…
Oui, voilà pour quelle raison, son mari et elle, pensaient qu’elle devait venir.

Là, nous arrivions à une péripétie particulière de l’intrigue : leur sexualité. La sienne plutôt… « Pas d’appétit sexuel, disait-il, tu n’es qu’une gourmande. » Avec ce diagnostic, il exprimait se sentir exclu du plaisir qu’elle se donnait avec le corps de l’homme. « Egoïste ! Même égoïste ? Oui, peut-être », confie-t-elle.

Elle racontait comme détachée d’elle.
Ses mains, sa bouche lui donnaient cet érotisme de la gourmandise. Déjà enfant, lorsque sa grand-mère lui donnait une pomme à « 4 heures », elle avait constaté ce quelque chose qui se passait en elle. Sans la croquer, elle la tenait contre ses lèvres. Elle salivait. Puis la voix de sa grand-mère : « Elise, tu n’as pas faim ? »

Alors à regret, ses lèvres lâchaient la sensation de douceur si voluptueuse en elle, pour croquer. Même sensation avec la pêche, l’été. Selon les espèces, le plaisir était légèrement différent. Les yeux fermés, pour vivre l’instant elle goûtait mieux ainsi, ses lèvres pouvaient reconnaître la couleur de la pêche : blanche, jaune ou de vigne. Vous savez, ce tissu… « peau de pêche ». Doux, lisse, comme un tissu de soie. « La soie lyonnaise, la vraie, bien épaisse », précisait-elle.

Effectivement, un peu plus tard elle constate que se produisait le même phénomène, légèrement atténué, en caressant la soie, la mousseline des jupes, des chemisiers que portait sa mère. Encore plus tard, elle-même choisit de s’habiller de cette douceur de tissu.


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Rédigé le 04/02/2011 modifié le 27/12/2023
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Coach spécialisée en Sexologie, Praticienne en Hypnose Thérapeutique, EMDR IMO à Paris,… En savoir plus sur cet auteur


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