Dossier du lundi du Journal Ouest-France. Au centre antidouleur, aux urgences, chez les dentistes… Cette thérapie complémentaire fait barrage à la douleur.


L’hypnose s’impose dans les services médicaux
L’hypnose à l’hôpital
Au centre d’évaluation et de traitement de la douleur de l’hôpital Yves-Le-Foll, les personnes débarquent avec des migraines chroniques, des sciatiques non opérables, des fibromyalgies…
Pour apaiser la douleur, on leur propose des séances d’hypnose médicale. Le praticien qui les reçoit est le Dr Franck Garden-Brèche, hypnothérapeute et urgentiste. Il invite les patients à décrire leur douleur. Couleur, goût, odeur.

« Rendre les gens autonomes »
« Un jour, une dame m’a dit que sa sciatique était une éponge en laine d’acier coincée entre deux vertèbres.
Au fil de la séance, elle l’a longuement poncé avec du papier de verre. » Après chaque rendez-vous, le patient repart avec des exercices à faire à la maison. Car l’objectif est de rendre les gens autonomes. « Pas facile, quand on leur a dit, toute leur vie, quelle pilule rose ou verte avaler ! »

Même dans l’ambulance du Samu
Outil thérapeutique désormais reconnu (grâce à l’IRM et les neurosciences), l’hypnose fonctionne aussi dans l’ambulance du Samu. « Sur un accident, je repère très vite quel est le profil de la victime, je m’adapte à son caractère pour trouver la bonne fréquence, rapporte le Dr Franck Garden- Brèche. Et puis, je lui raconte une histoire agréable. L’état hypnotique va réduire son degré d’angoisse lorsqu’il est incarcéré dans une voiture ou l’aider à supporter la douleur jusqu’au transfert à l’hôpital. »

Chez le dentiste
Adepte de la méditation, Patrick s’est fait arracher une dent sous hypnose. « Pendant l’intervention, j’ai imaginé une balade en kayak sur une mer très bleue sous un beau soleil ». Récupération plus rapide, effets secondaires limités.
« L’hypnose crée une ambiance très agréable au cabinet dentaire, rapporte le Dr Jean Darcel qui utilise un langage imagé pendant qu’il opère. Mes patients cessent d’être angoissés en quelques minutes. Plus je leur dis des bêtises, mieux ça marche. Une transe hypnotique a le même effet qu’une injection massive de cortisone. »

Un état de veille
L’hypnose médicale (dite Ericksonienne) se définit comme un état de veille au cours duquel la personne est soumise à des images mentales qui envahissent sa conscience. Selon les spécialistes, on a déjà tous connu des moments d’hypnose. « En regardant un film, en conduisant sa voiture de façon automatique… Notre esprit part ailleurs. »

Des images, des souvenirs…
Ce fonctionnement naturel du corps et de l’esprit est amplifié par l’hypnothérapeute qui utilise des métaphores propres au patient. Lors de ce voyage, le recours à des images, des souvenirs, des sensations positives va permettre de supporter une intervention douloureuse. « Avec des profils très cartésiens, les résistances sont plus importantes, indique le Dr Garden-Brèche. Mais c’est à nous thérapeutes, de faire preuve d’imagination ».

Catherine LEMESLE.

Rédigé par Franck GARDEN-BRECHE | Commentaires {0}